Texte d'Olivier Cordaillat-Boucher (Bilbao 2014):

"Les sculptures de Catherine SAVIGNY se caractérisent tout d’abord de par leurs petits formats. Les dimensions des œuvres, à l’échelle des mains de l’artiste, sont un témoignage de l’intimité dans laquelle le sculpteur entre dans le procédé de leurs façonnages. 

 D’intimité, il en est beaucoup question dans les thèmes abordés par l’artiste.

Les œuvres s’intitulent constructions. Des constructions matérielles de sculptures, certes, mais surtout de construction de soi, du for intérieur. Le visiteur est invité à entrer dans le caractère intime et profond de l’artiste, mais en fait, c’est pour mieux lui renvoyer à son tour dans sa propre intimité.

 L’artiste travaille la terre avec la technique du modelage : la technique la plus primitive et la plus directe de mise en forme du matériau. Ce procédé classique renvoie à une idée de création dans une continuité de l’histoire de l’art. Dans le travail de Catherine SAVIGNY, Il n’y a aucun besoin de rechercher des techniques nouvelles qui ne pourraient que déconcentrer l’artiste.

 Les œuvres, en général à quatre faces, sont perchées sur des socles, immobiles. Leur apparence à priori statique n’a de but que de nous montrer en réalité un caractère très dynamique qui s’y cache. 

 On tourne autour d’une de ces sculptures comme on avance dans le temps. Chaque facette nous prouve que le temps, sous son apparence tellement linéaire, nous oblige souvent à « revoir notre copie » de la vie, à changer d’avis et même à nous contredire quelquefois, à redémarrer lorsque l’on croit que tout s’est arrêté. Il y a des moments faits d’ombres, d’autres qui brillent sous la lumière. Chaque face d’une sculpture en cache finalement toujours une autre : on ne montre jamais tout en même temps, comme par volonté de conserver une certaine pudeur. Et puis, de temps en temps, pourquoi pas en dévoiler un peu plus que d’habitude, par l’intermédiaire de miroirs. 

 Ainsi est faite la vie, et même lorsqu’elle n’a été constituée que d’évènements chaotiques et/ou contraires, elle reste quand même un tout, un ensemble qui peut s’avérer être finalement cohérent. Cela prouve en fait que beaucoup de combinaisons sont possibles dans la vie : c’est une belle réflexion sur l’optimisme."